Womanisme dans Crépuscule du tourment: Mélancolie de Léonora Miano

Résumé

Dans cet article nous examinons la notion de féminisme telle qu’elle est dépeinte dans le roman Crépuscule du tourment: Mélancolie (2016) de l’auteur franco-camerounaise Léonora Miano. Nous explorons comment les quatre personnages féminins subissent simultanément plusieurs formes de discrimination liées à leurs race, sexe et classe sociale. Nous suivrons également les aspects religieux, historique, culturel et sexuel de la crise d’identité que chacune des femmes subit. Les récits de ces quatre voix évoquant leur souffrance et différentes stratégies de défense, font émerger en fin de compte le womanisme de l’auteur elle-même, que cet article propose discuter, s’appuyant sur une gamme de définitions fournies par des auteurs telles que bell hooks, Molara Ogundipe-Leslie et Alice Walker. Passeront sous la loupe les différents mécanismes de résistance (relations homosexuelles, recours à l’afrocentrisme) que ces personnages féminins déploient dans leur environnement où ni le féminisme occidental ni l’activisme pour leurs droits ne semblent répondre à la complexité de leur aliénation. Les héroïnes de Miano tentent de reconstruire leur identité en fonction de leur culture, de leur territoire, de l’autre et de leur “soi”. La révolte et la prise de parole qui sont notées à la fin de chaque histoire constituent des actes d’autodétermination vers leur émancipation. Cette quête conduit à une forme d’hybridité qui embrasse à la fois la modernité et les valeurs traditionnelles, avec ses mythes et ses coutumes et qui aboutit à une identité reconstruite et plurielle. Elle constitue également une démarche d’une auteure africaine centrée sur le retour à soi ainsi que sur l’ouverture vers l’extérieur.