L’aliénation dans la poésie de Ntshavheni Alfred Milubi

Résumé

Dans cet article, j’analyse la thématisation de l’aliénation dans la poésie du poète, dramaturge et érudit muvenḓa Ntshavheni Alfred Milubi. Milubi attribue l’abandon des valeurs morales par les gens à leurs frustrations perpétuelles, décrites ici comme une aliénation. Il fait référence à l’effondrement des institutions traditionnelles africaines qui, par le passé, semblaient servir de refuge pour la réhabilitation des individus aliénés dans les communautés africaines. Il est démontré que ces institutions déclenchent l’aliénation dans l’espace de la modernisation et de la mondialisation, et qu’il n’y a apparemment pas de place pour la récupération, à moins que l’on n’écoute les appels du poète. Je limite mon analyse de la poésie de Milubi à l’aliénation sociale et cosmique, guidée par un ensemble fixe de thèmes, à savoir la société, l’amant romantique et Dieu, respectivement. L’article défend l’idée que les littératures en langues africaines donnent un aperçu de la manière dont les indigènes ont géré l’interface entre tradition et modernité. Les trois formes d’aliénation traitées par Milubi constituent un échantillon représentatif de la manière dont la poésie tshivenḓa en particulier et les littératures de langue africaine en général enregistrent souvent les voix subalternes et les façons dont elles inscrivent leurs expériences pour expliquer leur relation avec Dieu ou les dieux, la société et les partenaires intimes, entre autres. Cette relation trifocale est essentielle pour les Vhavenḓa et d’autres communautés africaines, car elle révèle leur conception de la cosmologie, de la communauté et de l’intimité.