Le post-héroïsme de Stuur groete aan Mannetjies Roux et de Verraaiers

Résumé

Les liens entre le nationalisme afrikaner et le cinéma sud-africain (en langue afrikaans) ont fait l’objet de nombreuses études. Dans le contexte d’une renégociation soutenue du nationalisme afrikaans ou afrikaner dans l’imaginaire populaire après l’apartheid, nous soutenons dans cet article que deux longs métrages historiques de la société de production Bosbok Ses Films, Stuur groete aan Mannetjies Roux (2013) et Verraaiers (2013), résonnent thématiquement et esthétiquement avec la notion de cinéma post-héroïque de Thomas Elsaesser. Alors qu’un certain nombre de films en langue afrikaans antérieurs à 1994 célébraient le nationalisme afrikaner incarné par la figure du héros, cet article positionne et utilise le post-héroïsme d’Elsaesser comme une lentille critique à travers laquelle démontrer les façons dont ces deux films attirent l’attention sur un post-héros dont les actions et le comportement (souvent par inadvertance) permettent une renégociation productive de la figure du héros dans un contexte cinématographique post-apartheid. Nous nous appuyons également sur les écrits de Johan Degenaar sur le pluralisme politique. Dans cet article, nous constatons qu’une approche post-héroïque selon Elsaesser des deux films permet aux éléments constitutifs suivants du cinéma post-héroïque de faire surface : l’atemporalité en opposition avec le temps narratif linéaire, l’acte manqué (échec productif) par opposition aux itérations traditionnelles des actes héroïques et de la bravoure, et la conception de l’écran de cinéma comme une surface en mouvement en opposition avec l’écran en tant que miroir. La contribution de cet article aux études existantes sur le cinéma contemporain en langue afrikaans souligne trois points importants : l’article est le premier à utiliser une approche Elsaesserienne du film afrikaans et, en tant que tel, à mettre en avant et à étudier la figure du post-héros, il fournit un compte-rendu critique de deux longs métrages réalisés indépendamment qui restent peu étudiés dans les études cinématographiques sud-africaines actuelles, et il contribue au discours sur la manière dont les médias populaires influencent et répondent à la renégociation de l’identité afrikaans (ou afrikaans).